Hérisson commun (Erinaceus europaeus)

Le Hérisson commun (Erinaceus europaeus) est une espèce de petits mammifères, omnivore et nocturne, de la famille des Erinaceidae, classée dans l’ordre des Insectivora. Ce hérisson est répandu en Europe, y compris la Russie d’Europe, sauf le grand Nord, ainsi qu’en Turquie et dans le Caucase. Espèce invasive en Nouvelle-Zélande, où il a été introduit, cet animal est, au contraire, en Europe, une espèce protégée par la Convention de Berne et en France, par l’arrêté du 23 avril 2007.

Il est appelé aussi Hérisson européen, Hérisson d’Europe, Hérisson d’Europe occidentale, Hérisson d’Europe de l’Ouest ou plus simplement Hérisson ordinaire ou Hérisson tout court.

Phylogénie, paléontologie

Depuis les années 1990, la génétique et la phylogénie de cette espèce et celle de son groupe commencent à être mieux connues. Elles montrent notamment que (comme Erinaceus concolor et de nombreuses autres) le Hérisson européen a subi les modifications écopaysagères et climatiques des trois derniers cycles de glaciation/déglaciations, avec des populations qui ont dû se déplacer vers les refuges glaciaires puis au gré des expansions interglaciaires. Des analyses génétiques récentes ont commencé à préciser le rôle de refuge qu’ont joué la péninsule Ibérique, l’Italie et les Balkans lors des dernières glaciations.

La tête, dans le prolongement du corps, se termine par un museau pointu et un rhinarium qui lui permet de détecter la nourriture jusqu’à 3 cm dans le sol, grâce à un odorat très développé. Les oreilles sont courtes, 2 à 3 cm, et en partie cachées par les poils. Le Hérisson a quatre membres et une petite queue conique de 2 à 3 cm, mais il est assez rare de l’apercevoir. Il possède trente-six dents.

Le corps, long de 20 à 30 cm, haut de 12 à 15 cm, est recouvert de poils qui se renouvellent de manière continue. Du front jusqu’aux flancs, ils sont recouverts d’une sorte de membrane à la naissance, puis percés en quelques heures. Souples et blanches chez le jeune hérisson, elles tombent et sont remplacées par des piquants creux plus résistants de 2 à 3 cm qui poussent et se renouvellent sur une durée de 18 mois environ.

Le hérisson adulte possède entre 5 000 et 7 500 piquants (pour arriver à ce nombre, l’Anglais Pat Morris a compté une à une les épines de nombreux hérissons morts). Ce sont en fait des poils de 2 à 3 cm de long, de couleur variable, à la base généralement brune. Ils sortent de la peau par trois, chacun dans une direction différente. Creux en leur centre, donc très légers, ils présentent une cannelure externe qui renforce leur solidité et les rend pratiquement indéformables et incassables. Il est même théoriquement possible de suspendre l’animal par une seule épine. Ils sont coudés à la racine, et peuvent par conséquent être pliés ou dépliés sur le corps de l’animal par des muscles striés situés le long du corps. Une épine peut tenir jusqu’à 18 mois avant de tomber et d’être rapidement remplacée, en quelques jours. Le reste du corps est couvert de longs poils raides et brunâtres, plus ou moins soyeux. Cette fourrure n’est pas assez dense pour offrir au hérisson une bonne protection contre les grands froids.

La masse dépend du sexe, les mâles étant un peu plus lourds que les femelles, mais elle varie surtout énormément selon les saisons ou l’abondance de la nourriture, et aussi de l’âge ou de la santé des individus. Chez un adulte les extrêmes vont de 300 g à plus de 2 kg, à l’approche de l’hiver. Les hérissons britanniques sont moins lourds (environ 650 g l’été et 1 kg l’hiver) que sur le continent (environ de 800 g l’été à 1,6 kg l’hiver).

Leur couleur est variable, souvent plus claire au sud mais des individus moins colorés se retrouvent partout. Il est à noter cependant que les hérissons aux nez et pattes roses, presque blonds, sont particulièrement nombreux dans l’île anglo-normande d’Aurigny.

Certains auteurs ont distingué des sous-espèces : le Hérisson de l’Europe de l’Ouest (Erinaceus europaeus europaeus), le Hérisson du Portugal (Erinaceus europaeus hispanicus), le Hérisson sarde (Erinaceus europaeus italicus) ainsi que Erinaceus europaeus koreensis ou Erinaceus europaeus transcaucasius.

Différences avec les autres espèces de Hérissons

Au niveau du pelage Erinaceus europaeus possède un masque sombre autour des yeux et du nez, plus défini que chez le Hérisson d’Europe orientale (Erinaceus concolor). Ce dernier a en outre une couleur généralement gris brun foncé avec l’extrémité des poils clairs. Le Hérisson commun n’a pas non plus cette zone distincte de poils blancs présente sur le pelage ventral et remontant parfois sur les flancs de son homologue oriental.

Au niveau du squelette, le maxillaire est proportionnellement moins long que chez Erinaceus concolor, faisant au Hérisson commun un museau plus court.

Dans le sud de l’Europe, où ils ont un pelage plus clair que dans le nord, on différencie le Hérisson commun du Hérisson d’Algérie (Atelerix algirus) par l’absence d’espace nu marqué et de continuité sur le front, entre poils et piquants.

Mais il est parfois très difficile de différencier les espèces uniquement d’après les caractères morphologiques des individus rencontrés, par exemple parmi les populations poitevines. Comparer leur communication acoustique et olfactive pourrait alors s’avérer d’une aide utile.

Cette espèce est commune dans toute l’Europe, jusqu’à 65° de latitude Nord. Le Hérisson européen est répandu en Eurasie, y compris la Russie d’Europe, sauf le grand Nord, ainsi qu’en Turquie et dans le Caucase. Il a également été introduit en Nouvelle-Zélande. Cet animal est protégé dans certaines régions. D’autres espèces vivent en Afrique et en Asie. On n’en trouve ni en Amérique, ni en Australie.

Comportement

Sauf quand il hiberne et qu’il dort, le hérisson est très actif. Une étude de radiopistage a montré qu’en cas de nécessité il parcourt facilement des distances de 5 à 8 km même si un rayon de 4 km semble plus naturel. Des expériences ont également montré que dans des parcelles à environnement défavorable, il est nettement plus attiré par les bordures de ces parcelles (qu’il utilise alors comme corridor). Dans ces conditions, une proportion importante d’entre eux tend à rester près des routes (certains s’y faisant écraser) et se montre plus attirée par l’environnent urbain que les zones d’agriculture intensive.

Déplacés expérimentalement à quelques km de leur point de capture, certains hérissons y sont rapidement retournés, ce qui laisse supposer un sens de l’orientation bien développé.

Le Hérisson européen hiberne. Sous l’effet de changements hormonaux, en début de l’automne, il prépare un nid garni de feuilles mortes puis se roule en boule et s’endort d’un profond sommeil entrecoupé de brefs réveils. Cet hibernant utilise 30 % des réserves de graisses accumulées dans son corps au cours de la belle saison.

Alimentation et chasse

Le Hérisson est un animal semi-nocturne. Il chasse la nuit à la vitesse moyenne de 3 mètres par minute, mais peut faire des courtes pointes de vitesse et parcourt environ 2 ou 3 kilomètres. Dès le crépuscule, il cherche sa nourriture composée d’insectes, de vers, d’escargots, de limaces, d’œufs, de fruits et de baies. Il est à ce titre un auxiliaire de tout premier plan pour les jardiniers. Il s’attaque parfois aux serpents, lézards, rongeurs, amphibiens, oiseaux nichant à terre. Il passe la journée à dormir (environ 18 heures par jour) dans un gîte qu’il aménage avec des feuilles, ou sous un buisson, et ne sort pas en plein jour (excepté en de rares occasions, après une chute de pluie par exemple, ou parce qu’il a été dérangé).

Quand le hérisson mange, il fait beaucoup de bruit : il mastique bruyamment, grogne, s’énerve, envoie de la terre à plusieurs mètres lorsqu’il gratte le sol, fouille parmi les feuilles, renifle bruyamment. Doté d’une vue très basse, il se sert surtout de son odorat et de son ouïe fine pour chasser. Il est par exemple capable d’entendre un ver de terre se glissant sous les feuilles mortes.

Contrairement à une idée répandue, les hérissons ne supportent pas le pain ou le lait de vache qui leur donne des diarrhées mortelles. En cas de nécessité, il convient de les abreuver avec de l’eau et de leur offrir de la nourriture pour chat ou chiot.

photo : Mihai Baciu

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